La consultation
Ophtalmologie est une discipline médicochirurgicale qui étudie la structure et le fonctionnement de l’œil et de ses annexes (paupières, glandes lacrymales, muscles oculomoteurs), ainsi que les maladies qui les affectent.
Des moyens techniques importants sont aujourd’hui disponibles en ophtalmologie vétérinaire et permettent de traiter, médicalement ou chirurgicalement, un grand nombre d’affections oculaires. Si tous les vétérinaires pratiquent l’ophtalmologie, certains qui ont suivi une formation approfondie sont de véritables spécialistes pour lesquels cette discipline est parfois l’activité exclusive. Pour pouvoir exercer pleinement leurs compétences, ils sont en outre équipés de matériels sophistiqués (et souvent coûteux) : ophtalmoscope direct et indirect, biomicroscope (lampe à fente), lunettes loupes, tonomètre, électrorétinographe, matériel de chirurgie oculaire, etc.
La consultation se déroule en plusieurs étapes. Le vétérinaire réalisera d’abord un examen à distance et plusieurs tests simples pour apprécier la vision de l’animal ainsi que sa production de larmes. Ensuite, l’œil est examiné à l’aide d’un ophtalmoscope et d’une lampe à fente pour plus de détails. La pression de l’œil est mesurée à l’aide d’un appareil appelé tonomètre.
Le vétérinaire dilatera dans la plupart des cas ensuite les pupilles à l’aide d’un collyre mydriatique. Cela prend environ 20 minutes et permet un examen approfondi de la rétine (fond de l’œil) à l’aide de l’ophtalmoscope indirect.
L’œil présente un écoulement ou est sale
Les écoulements observés chez le chien sont de nature variable : il peut s’agir de larmes, de mucus, de sécrétions muco-purulentes ou purulentes. Lorsque les sécrétions sont peu fluides, elles ont tendance à s’accumuler, en général dans le cul de sac conjonctival inférieur, mais parfois aussi adhérer sur le globe oculaire ou sur les paupières.
Dans ce dernier cas, elles peuvent en se desséchant former des croûtes. La signification des sécrétions anormales est très variables, car elles se produisent lors de nombreuses affections, en particulier lorsqu’il y a une inflammation, une infection et/ou de la douleur. Ainsi, une affection douloureuse est généralement accompagnée d’une augmentation réflexe de la production lacrymale.
Certains chiens présentent un écoulement permanent de larmes, non pathologique : il est lié à l’obstruction du canal lacrymal drainant les culs-de-sac conjonctivaux vers les fosses nasales. Cette obstruction est due à une mal formation congénitale de ces canaux qui sont trop étroits et se trouvent facile ment bouchés par des sécrétions. Le vétérinaire pourra restaurer leur perméabilité, mais les récidives sont fréquentes. Pour certains animaux, la malformation consiste en une absence du canal lacrymal.
Chez certaines races de chien qui ont une tête allongée, cette conformation crée une espace entre la paupière inférieure et l’œil, au niveau de l’angle médial (également appelé canthus interne). Des sécrétions muqueuses ont tendance à s’accumuler dans la poche ainsi formée. Bien que ce phénomène ne soit pas pathologique, un nettoyage régulier (éventuellement quotidien) est conseillé, car cette accumulation de sécrétion peut favoriser les infections. Cette conformation est notamment fréquemment rencontrée chez le Doberman.
L’œil est rouge
Un œil rouge est le plus souvent lié à une conjonctivite, c’est à dire une inflammation des conjonctives. Cette conjonctivite peut être primaire (infection, corps étranger) ; elle peut également être secondaire à une autre affection. Ce signe clinique anormal est un des motifs fréquents de consultation ophtalmologique.
Le chien se frotte l’œil
Ce comportement est généralement dû à une gêne ou une douleur localisées au globe (ulcère de la cornée, glaucome, kératite, etc.) ou aux annexes oculaires (conjonctivite, corps étranger sous palpébral) ; ce comportement peut aggraver les lésions ou en créer de nouvelles. Toutefois, les frottements de la région oculaire ne sont pas toujours associés à des troubles oculaires : ainsi, un prurit (démangeaisons) cutané facial peut être à l’origine d’un comportement similaire.
L’œil est partiellement ou totalement fermé
Un œil partiellement ou totalement fermé est généralement dû à un spasme réflexe des muscles de la paupière (blépharospasme), associé à une lésion douloureuse de l’œil. Ce symptôme accompagne donc de nombreuses affections oculaires : glaucome, corps étranger sous palpébral certains ulcères de la cornée ou cornéen, uvéite, etc.
L’œdème palpébral qui accompagne habituellement les blépharites (inflammation des paupières), peut également provoquer une fermeture partielle, voire totale de l’œil. Enfin, l’œil peut paraître partiellement fermé en cas de diminution du volume du globe (œil “crevé” par exemple) ou si celui-ci se trouve anormalement enfoncé dans son orbite ; cette rétraction de l’œil appelée énophtalmie peut notamment être rencontrée lors de déshydratation marquée.
Les paupières ont un aspect anormal
Une déformation de la paupière peut notamment être due à son gonflement (œdème conjonctival) ou à la présence d’une masse palpébrale (tumeur, etc.), une position anormale de la troisième paupière, qui fait saillie du côté de lange interne de l’œil (anomalie désignée par l’appellation luxation de la glande nictitante). Les paupières peuvent également présenter des malformations congénitales (entropion ou ectropion), qui sont parfois discrètes chez le chiot et ne sont remarquées que tardivement par le propriétaire, lorsque le chien grandit.
La surface de l’œil présente un aspect modifié
La surface oculaire qui est constituée par la cornée est normalement lisse, brillante et transparente. Certaines affections peuvent provoquer des altérations de cette surface et la cornée peut devenir terne, irrégulière, blanche et opaque, présenter des ponctuations ou des pigmentations, être parcourue de petits vaisseaux sanguins. En fonction de la maladie causale, ces modifications peuvent être unilatérales ou bilatérales.
L’intérieur de l’œil a changé d’aspect
Les affections du globe oculaire peuvent s’accompagner d’une modification de couleur de l’iris (pigmentations foncées marron ou noires, couleur rougeâtre) ou du contenu de la chambre antérieure (aspect hémorragique, par exemple), d’une opacification du cristallin.
Une déformation de l’iris, la présence de petites masses plus ou moins mobiles peuvent également être remarquées par les propriétaires vigilants, mais nécessite une observation rigoureuse. Ces modifications peuvent également être unilatérales ou bilatérales. La taille et/ou de la position du globe oculaire sont modifiées Certaines affections provoquent également des modifications de la taille du globe oculaire (taille augmentée ou diminuée) et de sa position (œil enfoncé ou “exorbité”).
Les anomalies de taille et de position sont souvent liées : ainsi, un œil dont le volume augmente (par exemple à cause d’une tumeur ou d’un glaucome aura tendance être exorbité (l’animal présente alors une exophtalmie). A l’inverse, un œil anormalement petit (par exemple lors de microphtalmie congénitale, de diminution de la pression intraoculaire suite à une perforation de la cornée et fuite de l’humeur aqueuse) semblera enfoncé dans l’orbite (énophtalmie).
Ces 2 types d’anomalies ne sont toutefois pas systématiquement associées : un abcès qui se développe en arrière de l’œil (par exemple, suite à la migration d’un corps étranger végétal de type épillet qui a migré depuis la cavité buccale du chien, après avoir pénétré à travers le palais) aura tendance à modifier la position de l’œil, en le repoussant vers l’avant.
Dans ce cas, le globe oculaire lui-même n’est pas affecté et sa taille est normale. A l’inverse, une déshydratation marquée est généralement accompagnée d’un enfoncement bilatéral des globes oculaires, sans que leur taille soit modifiée.
L’alternative à l’énucléation (ablation de l’œil)
Dans certains cas, il est possible de recourir à l’implantation de prothèse intraoculaire pour améliorer l’aspect esthétique. Cette technique consiste à vider le contenu de l’œil tout en conservant sa paroi externe de manière à pouvoir y introduire une sphère noire en silicone. L’œil reste alors mobile et le patient peut continuer de cligner des paupières.
Bien évidemment, l’œil n’est pas visuel. Cette technique est plus longue à cicatriser et le risque de complications est plus important. Elle ne peut pas être utilisée si l’œil est infecté, déchiré (rupture non réparable de la paroi ex terne), ulcéré ou s’il s’agit d’un cas de tumeur intraoculaire. Il n’est pas non plus recommandé d’opter pour cette chirurgie lorsque le patient a l’œil sec ou s’il a tendance à développer des ulcères cornéens.
Il est enfin important de réaliser que cette technique n’a pour but que d’améliorer l’aspect esthétique et de ce fait, n’est d’aucun bénéfice pour l’animal.
La fluorescéine
Ce colorant permet de mettre en évidence des atteintes de la surface de la cornée (ulcères). Il est aussi utilisé pour évaluer la qualité du film lacrymal ou, lors de traumatisme, pour rechercher une brèche dans la cornée. Enfin, la fluorescéine permet de vérifier que l’élimination des larmes se fait correctement en mettant en évidence leur passage au travers du canal lacrymal jusqu’au nez. La lumière bleue de la lampe à fente rend le colorant fluorescent et donc plus facile à voir en cas de lésion subtile. Ce produit coloré se fixe sur les zones lésées de la cornée, permettant la mise en évidence de la présence d’éventuels ulcères.
Test de Schirmer
Pour mettre en évidence une kératoconjonctivite sèche, une petite bandelette absorbante graduée va être placée entre l’œil et la paupière de l’animal rendant 1 minute et recueillies larmes sécrétées dans ce laps de temps. La quantité de larmes produite en une minute pourra alors être évaluée et comparée aux normes établies (15 à 20mm/min chez le chien et 10 à 15mm/min chez le chat).
Dermatoses avec Kérato-conjonctivite sèche (KCS)
La KCS se définit comme une sécheresse cornéenne et une inflammation des conjonctives due à un manque de larmes. Chez le Cavalier King Charles, une maladie génétique associe cette KCS avec une dermatose dite « ichtyosiforme », c’est-à-dire des poils ternes et souvent tordus (les anglo-saxons parlent de « Curly coat syndrome ») et de nombreuses pellicules. Cette KCS peut également être rencontrée dans certaines allergies (alimentaire, allergènes de l’environnement), en particulier chez les Cavalier King Charles, Cocker Spaniel, Bouledogues Anglais, Lhassa Apso, ShihTzu, et West HighlandWhite Terrier. Lire aussi
Signes ophtalmologiques associés aux gènes impliqués dans la dilution des couleurs
De nombreux gènes sont impliqués dans le déterminisme de la couleur du pelage et des yeux chez le chien et le chat. Ainsi certaines maladies oculaires sont plus souvent rencontrées dans des races données avec des robes particulières :
– Couleur merle chez des Colleys, Shetlands, Dog•ue•s Allemands, Bergers Australiens ou Teckels à poils longs: possibilité de cécité et microphtalmie (+ surdité).
– Persans à pelage pâle et à iris jaune-vert : possibilité de cataracte congénitale.